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Ce mardi, 35 agents de la plateforme industrielle du courrier de Lempdes, dans le Puy-de-Dôme, se sont déclarés grévistes. Plusieurs d’entre eux se sont rassemblés devant leur lieu de travail pour défendre leurs conditions de travail.


Hier, plus d’une trentaine d’agents de la plateforme industrielle du courrier de Lempdes étaient en grève afin de dénoncer le manque de communication et de considération de leur direction ainsi que pour défendre leurs salaires et conditions de travail.

Une PIC, c’est une « plateforme industrielle du courrier ». C’est le plus gros maillon de la chaîne de l’acheminement. Sa fonction première et de le recevoir et de relayer les envois. Les PIC datent de 2004 mais du fait de la baisse de l’utilisation du support postal, leur nombre n’a cessé de diminuer passant de 55 en mai 2013 à 26 en septembre 2020.

En Auvergne, il n’y a qu’une PIC, celle de Lempdes, ouverte en 2009 mais qui gère le courrier des quatre départements de la région ainsi que de la Creuse et de la Corrèze. C’est là qu’hier, plusieurs salariés ont décidé de débrayer pour protester contre leurs conditions de travail. Plus d’une trentaine d’agents étaient réunis devant leur lieu de travail à l’appel de SUD PTT Auvergne et de la CGT FAPT 63.

6 mois, ce n’est pas rien

Les dernières négociations entre les représentants du personnel et la direction ont été âpres. D’abord, les discussions ne vont pas dans le sens des salariés. La direction fait la sourde oreille. Pire, durant les réunions, on parle toujours réorganisation. Normalement, une réorganisation survient tous les 24 mois. Pourtant, la direction a cette-fois décidé unilatéralement que la prochaine « réorg » aurait lieu dans 18 mois. Alors déjà que les discussions n’allaient pas dans le sens des revendications, là, c’est la douche froide. « 24 mois, pour nous, c’était acquis mais non. Chaque réorganisation, c’est quelque chose de très lourd pour les employés. », explique Jorge de SUD. À la PIC Auvergne, les agents sont environ 250. Pour eux, une réorganisation, c’est un changement d’équipe (de « brigade » comme on dit ici), d’horaires, de rythme et donc de quotidien et de vie de famille.

Et le bien-être dans tout ça ?

Parmi les revendications : la pénibilité. « Tout a été balayé d’un revers de main. », explique Christophe de la CGT. « Est-ce qu’il faut encore une vague de suicides à La Poste ? », demande ce dernier lors d’une prise de parole.

La fin du timbre rouge (envoi de courrier en 24 heures) a freiné le travail de nuit. Mais pour ceux qui ont passé leur vie en travail nocturne, compliqué de se plier à un nouveau rythme.  Un nouveau rythme, c’est notamment ce que demandent les salariés qui souhaiteraient la semaine de 4 jours. Là encore, « on est face à un mur. », explique Jorge. « Notre directrice n’a que faire de réduire l’empreinte carbone et n’a que faire du bien-être de ses agents. », poursuit ce dernier.

500€

Christophe est dans la boite depuis 38 ans. Il touche 1600€ net par mois. Pour lui et ses collègues, c’est bien trop peu. Surtout face à l’inflation. Chacun estime mériter mieux, notamment après les efforts effectués lors de la révolution du timbre rouge. « chaque agent a su répondre présent et s’est adapté parfaitement à une nouvelle organisation de travail. Il y a eu plus de stock, de manutention, d’informatique etc. », explique Jorge. « Si la poste n’est pas sur la paille, c’est grâce au travail des agents. », confirme un salarié. Pourtant, la demande d’une prime de 500€ sur les salaires a elle aussi été refusée.

« On est quand même une entreprise d’État. Les jeunes qui travaillent ici méritent autre chose. Aujourd’hui, ils ne sont pas là pour porter leur voix car ils ne peuvent pas se permettre de débrayer. », continue Jorge qui fait ici référence à la précarité des emplois contractuels et intérimaires de plus en plus nombreux à la poste.

« Ce qui est flagrant, c’est que leurs revendications rejoignent celles des usagers. C’est le prix pour faire parvenir un courrier, les moyens humains comme avoir un facteur ou trouver quelqu’un dans son bureau de poste, le numérique aussi qui n’est pas accessible pour tout le monde. », explique Pierre Miquel, responsable du PCF 63 venu soutenir les grévistes.

Un préavis de grève a également été déposé pour ce mercredi 11 octobre.


 France Bleu 10 octobre 2023

À l'appel des organisations syndicales Sud PTT Auvergne et de la CGT Fapt 63, plusieurs agents de la plateforme industrielle du courrier (PIC) de Lempdes se sont mis en grève ce mardi. Ils souhaitent améliorer leur quotidien.

Parmi les revendications, ils demandent notamment une prime exceptionnelle de 500 euros pour répondre à l'inflation, à des salaires très bas et à une absence de treizième mois. Plus encore, les grévistes estiment que cette prime serait simplement le résultat de l'adaptation des agents à la nouvelle organisation du travail comme l'explique Georges, syndicalisé à Sud PTT Auvergne : "Avec l'arrêt du timbre rouge, on a dû changer notre façon de travailler et chaque agent a dû maîtriser de nouveaux process. Mais, en échange, on a rien eu".

Ras-le-bol général

Par ailleurs, durant les négociations concernant la future réorganisation, la direction avait présenté un accord sur une durée de 24 mois avant de le réduire à 18 mois. Un acte "inacceptable" pour les grévistes. Comme le précise l'un des employés à la PIC Auvergne, "c'est un ras-le-bol général auquel fait face le personnel". Un préavis de grève a également été déposé pour ce mercredi 11 octobre.

De son côté la direction de la plateforme industrielle du courrier indique que les organisations syndicales ont été reçues en audience ce vendredi 6 octobre.
Il a été réaffirmé que la concertation concernant la révision des régimes de travail se poursuivait car "il est nécessaire d’adapter le schéma du traitement du flux du courrier aux modes de consommation actuels des Français"

"Tous les agents retrouveront une place"

La direction de la Poste précise, dans un communiqué, que depuis un an déjà 14 rencontres en plénières avec les organisations syndicales se sont tenues sur ce sujet. A la suite de cette réorganisation qui devrait mise en place d’ici février 2024, conformément au modèle social de La Poste, tous les agents de de la plateforme industrielle du courrier retrouveront une place et une mission au sein même de l’établissement

Valentin Bartevian - France Bleu Pays d'Auvergne
https://mediacoop.fr/11/10/2023/piquet-de-greve-a-la-pic-auvergne/

https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/plusieurs-employes-de-la-pic-de-lempdes-en-greve-1382444

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/programmes/france-3_auvergne-rhone-alpes_ici-19-20-auvergne