Quand on se sent postier-ère, on ne traite pas ses « pairs » comme des simples «données RH»... Il semble hélas que certains directeurs appliquent «bêtement» les directives des «oligarques» du Siège.
Peu importe les conséquences sur la vie personnelle/familiale ou le rythme de sommeil des postiers-ères tant que ces décideurs s’érigent en «messies postaux» avec des organisations foireuses, inadaptées et une vision d’ensemble à «très court terme».
Organisations type Distri LIV, Distri Mix annoncées pour septembre 2016...alors que tout le monde dénonce un fiasco, pourrissant le quotidien des facteurs-trices et détruisant la QS pour les usagers !!!
C’est quand nos dirigeants se posent en sauveur de l’entreprise que les postiers-ères y perdent le plus, avec la maxime Postale : «Supprimer les emplois d’aujourd’hui pour préserver ceux de demain».
Ces mêmes dirigeants seront-ils encore là demain ?! Est-ce que le «navire postal» sera encore à flots avec leur politique austère qui donne «le mal de mer» aux agents ? Leur supérieur appliquera-t-il cette logique de survie à leur emploi de directeur ?
Les postiers-ères ne peuvent accepter cette pause méridienne systématique et mèneront uncombat juste pour sauver le cœur de leur métier de facteur. Ils veulent nous attaquer simultanément, montrons–leurs qu’on ne touche pas à notre rythme de travail et à notre métier matinal !!! (SudPtt13)

La "pause méridienne"

C'est l'un des points majeurs de la discorde lors des réorganisations actuelles. Les dirigeants de La Poste souhaitent que le facteur, qui effectue sa vacation en continue, prenne désormais une pause le midi pour repartir en tournée l'après midi. C'est une mutation profonde du métier tel qu'on le connaît aujourd'hui.​

Selon ses instigateurs, la pause méridienne améliorerait la santé des facteurs. En effet, elle leur permettrait de déjeuner à heure fixe chaque jour. Pourtant, c'est déjà le cas aujourd'hui, les horaires de travail du facteur sont inscrits dans son contrat de travail, avec une heure de début et une heure de fin de vacation, qui sont identiques chaque jour. En l’occurrence, le facteur rennais commence entre 6h30 et 7h05 et termine entre 13h30 et 14h05 en l'absence de pause méridienne.​

De plus concernant les "rouleurs", c'est à dire les facteurs non-titularisés sur une tournée, effectuant des remplacements sur plusieurs tournées, cette nouvelle organisation de travail accentue les difficultés. En effet, la longueur d'une tournée est calculée sur la base du rythme de travail d'un titulaire de tournée. Or, le rouleur qui change fréquemment de secteur de distribution est pénalisé pendant les phases de tri (ex: il connaît moins bien son casier de tri que le titulaire qui n'en change jamais) et de distribution (ex: dans un immeuble, là où le titulaire a appris par cœur la disposition des boites aux lettres, le rouleur lui passera plus de temps à chercher les noms sur les boites). De façon systémique, un rouleur termine plus tard qu'un titulaire de tournée.

Or, avec cette nouvelle organisation, le rouleur, ayant accumulé trop de retard sur la partie du matin, se retrouve dans l'impossibilité de prendre sa pause le midi ce qui l'oblige à déjeuner après sa vacation, c'est à dire après 15h10 (dans le cas d'une prise de service à 7h25 avec une pause de 45 minutes non rémunérée le midi). Quand on évoque le "déjeuner à heure fixe" et la "santé du travailleur" doit-on comprendre que tous les facteurs n'ont pas le droit aux mêmes préoccupations? C'est d'autant plus regrettable qu'on assiste à une augmentation de la précarisation de la profession, ce qui augmente le nombre de tournées sans titulaire sur lesquelles les rouleurs se remplacent chaque jour.​

Si ce n'est pas pour la santé au travail, pourquoi modifier les horaires de distribution?​

Pour des économies d'échelle en premier lieu! En effet, dans le cas d'une vacation continue, la loi prévoit une pause rémunérée de 20 minutes. Mais avec l'instauration de la pause méridienne, celle-ci disparaît au profit d'une pause non rémunéré de 45 minutes minimum. Cette disparition de la pause rémunérée de 20 minutes permet d'accroître d'autant la longueur des tournées, expliquant ainsi la réduction de leur nombre et, par suite, du nombre d'emplois. La pause méridienne existe déjà à Rennes. Proposée sur la base du volontariat, certaines tournées sont déjà organisées avec une coupure méridienne. Si cette organisation de travail a pu séduire certains collègues, ils témoignent aujourd'hui d'un allongement de leurs tournées.

Pour les tournées avec pause méridienne la prise de service est légèrement plus tardive (7h30 au lieu de 6h30 ou 7h), mais cela suffit à faire disparaître la prime collation de 2 euros par jour... il n'y a pas de petits profits.

 La direction de La Poste, bien qu'elle n'ose le proposer dès maintenant sous cette forme, cherche à poser les bases d'une organisation de travail lui permettant d'assurer une distribution en soirée. Prétextant une baisse de l'activité courrier (réelle, mais beaucoup moins importante qu'annoncée dans les grandes villes) et une augmentation de son activité colis, la direction de La Poste cherche à distribuer les colis lorsque les usagers sont chez eux, le soir entre 18h et 20h! Une fois que le carcan de cette nouvelle organisation de travail sera imposé, il est évident que la pause méridienne ne se limitera plus à 45 minutes (quel serait l'intérêt de La Poste de faire finir ses agents à 15h10 au lieu de 14h05?). Comme dans la restauration, c'est une journée de travail de très grande amplitude horaire que cherche à imposer la direction de la Poste.

​Les facteurs dénoncent cette analyse manichéenne:​

  1. Le trafic courrier diminue, c'est un fait. Cependant, dans les grandes villes ce phénomène est moins marqué, notamment en raison de l'accroissement de la population. A Rennes, ce sont des quartiers entiers qui apparaissent, Via Silva, la Courrouze, le projet de la plaine de Baud à lui seul promet l'arrivée de 6000 nouveaux rennais. Avec la création de la deuxième ligne de métro, la nouvelle ligne LGV, c'est toute la ville qui se développe. Pour la maire de Rennes, Madame Nathalie Appéré « ces très bons chiffres (NDLA: chiffres de l'Insee 2017) témoignent de la réussite de notre territoire, et nous pouvons collectivement les regarder avec beaucoup de fierté. Les grands chantiers que nous avons lancés ont mis en mouvement notre ville et accéléré son développement. » (OF 28/12/2017)

  2. Le volume de lettres diminue mais le temps de traitement par lettre augmente. Rennes est une ville en profonde mutation, sur de nombreux axes, les pavillons disparaissent au profit d'immeubles. Or, pour un facteur il est bien plus rapide de distribuer 5 ou 6 lettres dans la boîte aux lettres d'un pavillon, que 3 lettres dans un immeuble de plusieurs étages.
    Dans les immeubles dépassant la quinzaine de boites aux lettres, le facteur et a fortiori le rouleur, utilise une liste sur laquelle pour chaque habitant correspond un numéro de boîte aux lettres. Ainsi pendant la préparation de sa tournée, le facteur vérifie sur sa liste et note le numéro correspondant sur la lettre. Plus l'immeuble aura de logements plus cette opération sera longue.​​

Les facteurs dénoncent l'inégalité de traitement pour les usagers. Qui choisira quel citoyen aura droit à son courrier, son journal, ses recommandés, le matin ou l'après-midi?​

Les facteurs dénoncent la disparition d'un avantage inhérent à la profession de facteurs, le droit de disposer de son après-midi. Les rémunérations des facteurs qui sont déjà les plus faibles de La Poste, seront encore réduites (diminution du taux horaire, et disparition de l'indemnité collation), et le facteur qui auparavant pouvait garder ses enfants l'après-midi devra recourir à des services de garde d'enfants qu'il lui faudra payer, amputant ainsi son pouvoir d'achat.​

La direction de La Poste évoque des négociations, mais les facteurs cherchent encore ce que les usagers et eux-mêmes gagneront avec cette nouvelle organisation de travail.

(la lettre des facteurs​)


Courrier de la direction de la poste aux centres courriers